Désherbage : Coût annuel et leviers d’optimisation

Manuel, thermique, chimique : connaître et maîtriser le coût annuel du désherbage

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Les techniques alternatives aux produits phytosanitaires coûtent-elles plus cher ? Tout dépend du contexte d’intervention, de la maîtrise technique du personnel de terrain et de la capacité du gestionnaire à intervenir au bon moment pour désherber. Le coût du désherbage est essentiellement lié à la main d’œuvre et donc au temps passé sur le terrain, qui peut être optimisé grâce à la formation, une organisation du travail adaptée et la définition d’objectifs de gestion clairs.

 

 

Les techniques de désherbage investiguées

Il existe plusieurs procédés de désherbage, chacun offrant une diversité d’appareils et de possibilités. Le tableau ci-dessous permet de les repérer par famille et par gabarit (état des lieux réalisé en 2015).

Les informations en notre possession nous permettent de traiter ici les cas du désherbage chimique par pulvérisation d’une spécialité à base de glyphosate, puis thermique par application d’une flamme directe, et enfin manuel avec ou sans outils à main.

De plus, on considère ici que l’objectif recherché est le « zéro herbe » : on se place dans un contexte de désherbage total.

Panorama de matériels de désherbage (2015)

Tableau présentant différents matériels de désherbage chimique, thermique et mécanique selon leur mode de mise en oeuvre.
Différents matériels de désherbage chimique, thermique et mécanique. © Compamed Santé et Mieux intégrer la flore spontanée en ville, Plante & Cité, 2015, Angers, p.54

Exemples de situations de désherbage (Plante & Cité, Pauline Laïlle, observatoire Compamed ZNA, 2011)

La main d’œuvre, poste de dépense principal du désherbage

Afin de mieux comprendre les marges de manœuvre pour l’optimisation du coût du désherbage, on se pose les questions suivantes :

  • Quels sont les postes de dépenses associés au désherbage ?
  • Qu’est-ce qui pèse le plus lourd dans le coût d’une intervention ?
  • La répartition des dépenses varie-t-elle selon la technique de désherbage utilisée ?

A l’échelle d’une intervention de désherbage, la main d’œuvre représente 60 à 99 % des coûts, quelle que soit la technique employée. Les intrants constituent le second poste de dépense pour les techniques alternatives (eau : jusqu’à 20% du coût d’une intervention thermique ; gaz : jusqu’à 1/3 du coût d’une intervention au brûleur ; carburant : jusqu’à 20% du coût d’une intervention mécanique).

Postes de dépenses par méthode de désherbage

2011
Thermique flamme directe
Mécanique
Manuel
Chimique (glypho.)
Thermique à eau
Pulvé. à détection
Pulvé. à dos
Pulvé. sur cadre
Brûleur (chariot tiré)
Rampe de br. (cond. Marchant)
Brûleur (porté à dos)
Mousse
Vapeur (élec. ou gasoil)
Eau chaude
Main, binette
Balayeuse / Brosseuse
Module attelé
Nom complet
Désherbage : Composantes du coût de l’intervention
Unité
Proportion (%) du coût total de l’intervention
Objet
Contribution des postes de dépenses suivants au coût total d’une intervention de désherbage : main d’œuvre, matériels et équipements, EPIs, intrants
Mode de calcul
Compilation de données de terrain (nature et quantité de : matériels, équipements, intrants, main d’oeuvre) et bibliographiques (coûts) : Moyenne des contributions au coût total de l’intervention, pour chaque poste de dépense et pour chaque technique de désherbage
Source(s)
[1] Programme COMPAMED ZNA : Observatoire des pratiques, Plante & Cité, 2011 ; Evaluation des coûts, Plante & Cité, 2013
[2] Plante & Cité, Conditions technico-économiques du passage au ‘zéro phyto’, 2017
Période renseignée
2011
Partenaire(s)
[1] Plante & Cité, CETEV, FREDON Île-de-France, EVEA, AAPP, AFPP, AITF, Hortis, Ville de Paris, Ville de Versailles [Co-financeurs : Ecophyto (AFB), Val’hor, Ademe, UPJ, AAPP, ASFA]
[2] Plante & Cité, Syrphea Conseil [Co-financeur : Ecophyto (AFB)]
Précisions
– Les effectifs signalés sont en nombres d’interventions, observées sur un ou plusieurs sites différents.
– Les sites suivis pour cette analyse sont de type cheminements perméable ou imperméable, soumis au désher …

 

Une grande diversité de pratiques, pour des temps de travaux annuels très variables

Pour le désherbage, le temps de travail annuel est la somme des temps de travaux pour chaque intervention. La vitesse de passage va donc jouer un rôle, ainsi que la fréquence d’intervention. Ces deux variables sont des informations clés, pour l’anticipation de l’organisation du travail autant que du coût du désherbage.

La vitesse d’intervention

Elle dépend de nombreux paramètres : le procédé de désherbage, le type de matériel, la quantité de végétation présente, la météo, l’opérateur… Il ne paraît pas pertinent d’en proposer des valeurs moyennes, chaque situation représentant un cas particulier.

La fréquence d’intervention

Elle dépend en premier lieu de la technique de désherbage choisie : on intervient en moyenne plus fréquemment pour désherber au brûleur qu’en manuel ou en chimique. De manière moins importante mais néanmoins significative, elle dépend aussi de l’objectif de gestion que l’on se fixe. On interviendra ainsi plus souvent si l’exigence de rendu est élevée.

Nombre annuel d’interventions, par technique de désherbage

2011
fois / an
1 fois / an
Moyenne
1 fois / an
Minimum
3 fois / an
Maximum
Chimique
Effectifs 18
fois / an
2 fois / an
Moyenne
1 fois / an
Minimum
4 fois / an
Maximum
Manuel
Effectifs 12
fois / an
4 fois / an
Moyenne
1 fois / an
Minimum
10 fois / an
Maximum
Brûleur
Effectifs 20
Nom complet
Désherbage : Fréquences d’intervention
Unité
Nombre annuel d’interventions
Objet
Nombre annuel moyen d’interventions pour le désherbage total d’une surface perméable ou imperméable, pour trois techniques : chimique, manuel, brûleur
Mode de calcul
Compilation de données de terrain : Moyenne du nombre d’interventions observées, par site et par technique de désherbage
Source(s)
[1] Programme COMPAMED ZNA : Observatoire des pratiques, Plante & Cité, 2011
[2] Plante & Cité, Conditions technico-économiques du passage au ‘zéro phyto’, 2017
Période renseignée
2011
Partenaire(s)
[1] Plante & Cité, CETEV, FREDON Île-de-France, EVEA, AAPP, AFPP, AITF, Hortis, Ville de Paris, Ville de Versailles [Co-financeurs : Ecophyto (AFB), Val’hor, Ademe, UPJ, AAPP, ASFA]
[2] Plante & Cité, Syrphea Conseil [Co-financeur : Ecophyto (AFB)]
Précisions
– Les effectifs sont exprimés en nombre de sites observés.
– Les sites observés sont de type cheminements perméable ou imperméable, soumis au désherbage total au moment de l’observation. Ils sont gérés par une …

 

Le coût annuel du désherbage et ses déterminants

Coût annuel, par technique de désherbage

2011 ; 2013
€/100 m²/an
23 €/100 m²/an
Moyenne
1 €/100 m²/an
Minimum
173 €/100 m²/an
Maximum
Chimique
Effectifs 18
€/100 m²/an
130 €/100 m²/an
Moyenne
9 €/100 m²/an
Minimum
658 €/100 m²/an
Maximum
Manuel
Effectifs 12
€/100 m²/an
101 €/100 m²/an
Moyenne
6 €/100 m²/an
Minimum
453 €/100 m²/an
Maximum
Brûleur
Effectifs 20
Nom complet
Désherbage : Coût annuel
Unité
Coût annuel pour 100 mètres carrés (€/100 m²/an)
Objet
Coût annuel moyen pour le désherbage total d’une surface perméable ou imperméable, pour trois techniques : chimique, manuel, brûleur
Mode de calcul
Compilation de données de terrain (nature et quantité de : matériels, équipements, intrants, main d’oeuvre) et bibliographiques (coûts) : Moyenne des coûts annuels, par site et par technique de désherbage
Source(s)
[1] Programme COMPAMED ZNA : Observatoire des pratiques, Plante & Cité, 2011 ; Evaluation des coûts, Plante & Cité, 2013
[2] Plante & Cité, Conditions technico-économiques du passage au ‘zéro phyto’, 2017
Période renseignée
2011 ; 2013
Partenaire(s)
[1] Plante & Cité, CETEV, FREDON Île-de-France, EVEA, AAPP, AFPP, AITF, Hortis, Ville de Paris, Ville de Versailles [Co-financeurs : Ecophyto (AFB), Val’hor, Ademe, UPJ, AAPP, ASFA]
[2] Plante & Cité, Syrphea Conseil [Co-financeur : Ecophyto (AFB)]
Précisions
– Les effectifs sont exprimés en nombre de sites observés.
– Les sites observés sont de type cheminement perméable ou imperméable, soumis au désherbage total au moment de l’observation. Ils sont gérés par une …

 

Dans une situation donnée, la modélisation montre que le coût annuel du désherbage est principalement déterminé par l’état du site avant intervention, représenté dans nos analyses par la quantité de végétation présente au moment de l’intervention. Ce paramètre reflète les objectifs de gestion et l’organisation du gestionnaire. On peut penser que la quantité de végétation détermine le temps passé à désherber, peu importe la technique employée.

Soulignons que les variations de coûts entre les techniques sont réelles, mais paraissent secondaires par rapport au contexte d’intervention.

Les caractéristiques du site en revanche  (dimension du site, revêtement perméable ou imperméable) n’affectent pas le coût total de manière significative.

Leviers d’action pour la maîtrise du coût annuel du désherbage

La maîtrise du matériel

Un matériel connu et maîtrisé sera utilisé au plus juste de sa performance et les consommations s’en retrouveront optimisées.

Exemple du brûleur : on constate que le juste fonctionnement du désherbage thermique est parfois méconnu. L’application de chaleur sur la plante doit suffire à tuer ses parties aériennes, qui présentent ensuite un aspect de « salade cuite » (la feuille garde l’empreinte du doigt quand on la pince). Mais nul besoin d’aller jusqu’à brûler ou carboniser la végétation : cette pratique engendre une consommation inutile de gaz. A l’inverse, un passage trop superficiel aura pour conséquence une reprise plus rapide de la végétation et un second passage plus précoce, affectant cette fois le nombre annuel d’interventions.

Les seuils d’intervention

La présence de végétation indésirable affecte le rendu esthétique mais aussi les usages, la praticabilité, la sécurité. En fonction de ces paramètres, différentes intensités de gestion pourront être choisies.

La maîtrise des coûts de désherbage sera facilitée par la capacité à définir ces seuils et à les respecter. Ainsi, une intervention précoce, alors que l’herbe pourrait être encore tolérée, engendrera le risque d’ajouter une intervention supplémentaire sur l’année, qui aurait pu être évitée. De même, une intervention tardive consommera plus de main d’œuvre afin de supprimer une végétation trop développée par rapport à ce qu’on est en mesure d’accepter à cet endroit.

L’efficacité du désherbage

Une intervention maîtrisée tient aussi à la technicité de l’opérateur et à l’adéquation du matériel employé. La formation est ici indispensable, de même qu’une organisation du travail permettant le transfert des connaissances techniques entre les travailleurs. Le choix des appareils adaptés peut être orienté par le procédé choisi (en fonction des critères de choix locaux, qui peuvent être variés : maniabilité, complexité, coût à l’achat, impact environnemental, impact sur la santé des travailleurs…) et la nature des sites à désherber (l’accessibilité d’un site affecte le gabarit des appareils et matériels potentiellement employables, la nature du sol ou du revêtement affecte le choix de la technique ou de l’outil).

Pour aller plus loin

Accès aux sources :

Voir sur les Baromètres Voir sur le site de Plante & Cité Voir ailleurs sur internet

… tous les contenus à propos…

Mieux intégrer la flore spontanée en ville : pour une approche écologique du désherbage. 2015, 67p.

Conditions technico-économiques du passage au « zéro phyto » :

COMPAMED ZNA : Comparaison des méthodes de désherbage

COTE : STH002 - DONNÉES MOBILISÉES : JPC093 JPC094 JPC095
PREMIÈRE PUBLICATION : 23 janv. 2019 - DERNIÈRE ACTUALISATION : 23 janv. 2019